L’ÉCONOMIE RÉGÉNÉRATIVE

En finir avec l’économie dégénérative, dépasser la RSE pour contribuer à un futur désirable.

UN LIVRE BLANC QUI DEVIENT BLEU

Ce livre est disponible en pdf à l’adresse contact@infuse-conseil.com.

Dans ce livre blanc, rebaptisé « livre bleu », nous interrogeons le modèle de l’entreprise.
L’appellation « livre bleu » s’inspire de l’ouvrage « L’Économie Bleue » de Gunter Pauli avec qui nous avons eu la chance d’échanger.

Nous vivons dans une société majoritairement « dégénérative », constamment en quête de sens.

« Business as usual » n’est plus une option. L’été caniculaire nous l’a encore démontré.

L’entreprise responsable que l’on connaît aujourd’hui n’est pas une alternative suffisante. Les principes de la RSE mis en œuvre ne suffiront pas à construire un futur souhaitable. Nous nous sommes attelés à trouver des pistes. L’une d’entre elles, l’entreprise régénérative, capitalise sur notre plus grande richesse : l’être humain.

Dans les pages suivantes, nous présenterons les principes des « 3P » et la théorie du « Donut », schéma circulaire de Kate Raworth, chercheuse pour OXFAM.

L’attractivité d’une organisation repose sur sa capacité à contribuer à un monde meilleur. Le concept « People, Places and Planet » est une piste à explorer.

Les principes de l’économie régénérative permettent à une organisation de laisser une empreinte positive sur son environnement tout en favorisant son attractivité. Les talents, les collaborateurs engagés, ont une lecture fine des éléments véhiculés par une Marque Employeur.

10 exemples d’organisations audacieuses et vertueuses illustrent ce livre bleu : start-ups, entreprises ou territoires, en France et ailleurs.

Nous espérons vous donner «matière à réflexion».
Bonne lecture.

Par Loïck Engelvin, Planneur Stratégique

SOMMAIRE

01. En finir avec l’entreprise dégénérative
  • Les économies colorées de Gunter Pauli
  • Les enjeux environnementaux et sociaux
  • Les piliers de l’entreprise régénérative en 3P
02. PLANET : un impact environnemental positif
  • Un bilan carbone négatif
  • Travailler en circuit court
03. PEOPLE : un job qui fait du bien
  • Vision systémique et respect du collaborateur
  • Le lien social et la santé mentale
  • Équilibre vie perso / vie pro
04. PLACES : une belle vie au travail
  • L’environnement de travail
  • La biophilie
  • Des émotions positives
05. Faire sens pour sa Marque Employeur
  • L’ambassadeur
  • Un job qui a du sens
  • Attirer les jeunes
  • Engagement citoyen de l’entreprise
  • Des entreprises déjà responsables
06. Les 6 points à retenir

PARTIE 1 : EN FINIR AVEC L’ENTREPRISE DÉGÉNÉRATIVE

A. LES ÉCONOMIES COLORÉES DE GUNTER PAULI

Gunter Pauli a mis en lumière le concept d’économie circulaire dans son ouvrage « L’Économie Bleue », publié par Paradigm Publishers en 2010. Dans son livre, l’économiste belge classe les différentes économies par couleurs.

Notre économie actuelle est décrite comme « l’économie rouge » : une économie linéaire. Nous suivons un cycle : extraction des sols, transformation, utilisation du produit final, puis, la plupart du temps, destruction de ce même produit. Les ressources terrestres sont limitées. Cette économie n’est pas tenable, selon Gunter Pauli.

Dans « l’économie verte », les produits finaux en fin de vie sont recyclés. Cette économie limite les déchets et réutilise une partie de la matière première, mais n’est pas suffisante pour compenser l’état avancé de la dégradation de notre environnement.

En sciences, Lavoisier nous a appris : « Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ».

« L’économie bleue » de Gunter Pauli est une économie circulaire créant plus de ressources qu’elle n’en consomme. Cette économie s’inspire de la nature, à l’image des cycles naturels de l’eau ou du soleil. « Nous apportons de la valeur à ce qui est disponible localement. Ceci génère de l’emploi et augmente la résilience de l’entreprise en cas de crise ».

L’impact de l’économie bleue se mesure. Les indicateurs extra-financiers suivent les plus-values positives pour l’environnement et les collaborateurs.

LE MOT DE L’EXPERT – GUNTER PAULI

Loïck Engelvin (Infuse Conseil) : L’économie bleue « permet la création de cohésion sociale ». Par quels moyens est-elle rendue possible ?
Gunter Pauli : L’économie bleue génère des plus-values. Nous apportons de la valeur à ce qui est localement disponible. Ceci génère de l’emploi et augmente la résilience de l’entreprise en cas de crise. Cela engendre une cohésion sociale.
LE : Comment favoriser le changement vers une économie bleue pour une entreprise existante ? Quels sont les secteurs les plus enclins à mener ces changements ?
GP : Toutes les entreprises peuvent appliquer l’économie bleue. Il faut arrêter cette course acharnée aux prix et créer une concurrence valorisée par la création de valeur. 

B. LIER LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX

Le schéma circulaire de Kate Raworth, chercheuse pour OXFAM jusqu’en 2013 puis professeur à Oxford et à Cambridge, nous permet de lier les enjeux environnementaux aux problématiques sociales. Ce schéma est appelé « Donut d’OXFAM » en référence à ses 11 années de travail dans la structure de recherche anglaise.

Ce Donut établit les limites de notre économie.

« Comment allier les enjeux de justice sociale aux enjeux environnementaux, pour orienter l’économie en faveur d’un développement durable et juste ? ».

Le Donut mêle à la fois des limites écologiques, nommées « plafond environnemental » et des limites sociales, dénommées « plancher social ».

Le plafond environnemental est situé au dessus de l’espace sûr et juste pour l’humanité. Le plafond regroupe les facteurs limitant notre économie pour le bien de l’environnement. Le plancher social représente les facteurs sociaux nécessaires au développement et au bien-être de chacun et de chacune dans notre société.

Chaque catégorie a un nombre défini de limites ou de planchers. Pour les deux catégories, les points capitaux sont mis en exergue et se situent au même niveau sous le plancher social ou au-dessus du plafond environnemental.

L’accès à la nourriture, à l’eau potable et à l’éducation sont au même niveau que l’égalité des genres. L’économie doit s’ancrer entre ces deux catégories de limites pour atteindre un « espace sûr et juste pour l’humanité ».

L’enjeu est d’améliorer certains facteurs sans en détériorer d’autres.

Le Donut rejoint les principes de l’économie régénérative et est utilisé par la ville d’Amsterdam pour atteindre des objectifs sociaux et écologiques. Cliquez-ici pour lire THE AMSTERDAM CITY DOUGHNUT.

 

C. LES PILIERS DE L’ENTREPRISE RÉGÉNÉRATIVE EN 3P

Une entreprise régénérative place au coeur de sa stratégie l’environnement et le bien-être des collaborateurs. Trois piliers sont à la base de l’organisation : les « 3P ».
« People », « Places » et « Planet ».

People

Le pilier « People » ou « personnes » repense le rapport à l’humain à travers le lien social.

Places

Le pilier « Places » considère l’aménagement des lieux de vie au travail.

Planet

Le pilier « Planet » renvoie au développement durable et aux problématiques liées à l’environnement.

L’objectif est d’améliorer un pilier sans impacter négativement les deux autres.

PARTIE 2 :PLANET – UN IMPACT ENVIRONNEMENTAL POSITIF

A. UN BILAN CARBONE NÉGATIF

Chez Interface, entreprise pionnière et leader mondial dans le revêtements de sols professionnels, le futur est présent. Fondée en 1973 à LaGrange (État de Géorgie, États-Unis) par Ray C. Anderson, cette organisation récupère les revêtements en fin de vie afin de les recycler depuis plus de 20 ans.

En 1994, Interface a entrepris une « mission zéro » visant à supprimer tout impact négatif sur la planète d’ici 2020. L’objectif a été atteint en 2019.
Pour aller encore plus loin, l’entreprise a créé le programme « Climate Take Back ».
L’impact zéro est atteint. Désormais l’objectif est d’avoir un impact positif sur l’environnement. Pour ce faire, la quantité de carbone capturée lors de la production et de l’utilisation des produits est supérieure à la quantité de carbone émise : on parle alors des « émissions négatives » de carbone.
Le secteur d’activité d’Interface n’est pas le plus approprié pour régénérer l’environnement. Grâce à un investissement poussé en recherche et développement, les équipes d’interface ont mis au point la technologie « CQuest », une innovation qui permet d’accéder à un bilan négatif en carbone.

 

 

Une entreprise régénérative permet un équilibre naturel où tout le monde est gagnant.

D’autres innovations ont été mises en place et ces dernières ne sont pas spécifiques à leur domaine d’activité. Il s’agit des usines et des bureaux-forêts. Pour construire leurs nouvelles infrastructures, les architectes étudient les forêts à proximité du site d’implantation afin de s’en inspirer et de recréer les mêmes scénarios. Un exemple de réussite : la construction de bâtiments capables de filtrer la lumière sans faire entrer la chaleur et de récolter l’eau de pluie.

Qui ne rêve pas de travailler dans une entreprise qui capture du carbone, embellit les bureaux du monde entier et construit toutes ses usines sur des schémas inspirés de la nature ?

Interface promeut également son programme de développement durable dans le but d’attirer de nouveaux talents, de nouveaux investisseurs et de nouveaux clients.

B. TRAVAILLER EN CIRCUIT COURT

Consommateurs et collaborateurs sont non seulement destinataires, mais également contributeurs dans l’orientation des choix des entreprises. Le tout à travers un engagement véritable.
Les consommateurs deviennent acteurs. Ils sont conscients de la nécessité de changer leurs habitudes de consommation en faveur du développement durable :

  • 57 % des Français estiment qu’ils sont les plus à même de changer la société en consommant localement*.
  • 72 % se sentent coupables d’acheter des produits qui ne respectent pas l’environnement*.

L’environnement est une préoccupation majeure, mais les consommateurs aspirent également à une société plus égalitaire et inclusive. Les entreprises se doivent de montrer l’exemple et d’encourager les consommateurs à devenir plus vertueux.

L’entreprise suisse Opaline fait partie des entreprises qui sont passées à l’acte. Cette organisation produit des jus de fruits locaux et achète sa matière première à quelques kilomètres seulement du lieu de pressage. Cette condition du circuit court est inscrite dans le cahier des charges de la marque.

Réduire les consommations de carbone permet d’augmenter les relations humaines entre les producteurs locaux et l’entreprise.

Sofia de Meyer, co-fondatrice d’Opaline, a écrit un essai pendant la période du COVID-19.

Elle y décrit une vie où « l’entraide est le fil rouge et la première motivation de notre action quotidienne », ou encore « le lien aux valeurs de l’entreprise est le ciment entre les collaborateurs qui les inscrit dans une intelligence collective ».
Selon Sofia de Meyer, « la pandémie est une opportunité pour évoluer vers une société plus paisible, plus en harmonie avec notre environnement ». En d’autres termes, la pandémie représente une opportunité d’évolution vers une société plus saine, au sein de laquelle les collaborateurs seraient fiers de travailler.

 

PARTIE 3 : PEOPLE – UN JOB QUI FAIT DU BIEN

A. VISION SYSTÉMIQUE ET RESPECT DU COLLABORATEUR

L’engagement sociétal d’une entreprise n’est légitime que s’il est connu, reconnu et mis en pratique par l’intégralité du personnel, indépendamment de son âge, de sa fonction et de son échelon au sein de la société.

« Les valeurs et les convictions sont essentielles pour se rassembler » nous dit Karine Monflier, co-fondatrice de StartUp GetUp avec qui nous avons échanger. « Il faut associer les collaborateurs pour avancer, c’est eux qui connaissent le mieux leur métier et savent ce qu’ils veulent. Miser sur la co-construction et la confiance sont mes guides d’action en terme d’accompagnement ».

Les salariés sont de véritables garants de la culture d’entreprise et contribuent autant à son élaboration qu’à sa diffusion.

La pandémie a engendré des changements majeurs dans la gestion des entreprises ; « une belle occasion de repositionner la fonction RH » selon Karin. Par ailleurs, en plus de l’évolution de la fonction, l’expression « ressources humaines » tend également à se voir attribuer un nouveau nom : les « relations humaines ».

LE MOT DE L’EXPERTE – KARIN MONFLIER

Karin Monflier a décidé de quitter la communication pour rejoindre les ressources humaines , des fonctions d’appui complémentaires et indissociables au sein des entreprises, afin de faire bouger les lignes. Aujourd’hui elle est co-fondatrice de StartUp GetUp, agence d’accompagnement en pilotage des ressources humaines responsables et durables.

Selon Karin Monflier, pour faire évoluer la situation, « il faut agir de manière systémique ». Agir sur un seul levier est insuffisant. Cette nécessaire prise de conscience tarde à venir. Elle est pourtant indispensable pour agir à long terme.
L’économie régénérative peut être l’une des clés de ce changement. « Un bon manageur doit être au clair avec ses valeurs. Toujours est-il qu’il faut accepter de venir vers soi pour apprendre à se connaître et pouvoir devenir le manager que l’on souhaiterait avoir ! C’est un parcours d’apprentissage et d’humilité.»

« Les valeurs et les convictions sont essentielles pour se rassembler. »

« Il faut associer les collaborateurs pour avancer, c’est eux qui connaissent le mieux leur métier et savent ce qu’ils veulent. Miser sur la co-construction et la confiance sont mes guides d’action en termes d’accompagnement. La crise que nous avons traversé est une occasion de repositionner la fonction RH au sein des organisations. Il faut renforcer les pôles RH en les outillant d’indicateurs qualitatifs en complément des indicateurs quantitatifs, et mettre l’humain au cœur du développement, au-delà des intentions. »

B. LE LIEN SOCIAL ETLA SANTÉ MENTALE

Les confinements ont permis la mise en lumière d’un facteur prédominant : la santé mentale.

Selon le ministère des Solidarités et de la Santé, « une bonne santé mentale permet aux individus de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et de contribuer à la vie collective. Dans ce sens positif, la santé mentale est le fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une société ».

Atténuer l’exposition aux facteurs de risques psychosociaux est un objectif pour les organisations.

Un sondage de la société Moka.care relate que 9 personnes sur 10 estiment que le travail a un impact direct sur la santé mentale. Or, cette dernière est encore taboue dans certaines entreprises.

Selon Julia de Funès, philosophe et experte en conseil RH, la clé de l’épanouissement et du bonheur en entreprise réside dans la liberté et dans l’autonomie. Deux aspects que l’on retrouve dans les activités en distanciel.

Afin de trouver un équilibre entre l’autonomie et les interactions sociales, l’experte en conseil RH préconise une forme de travail hybride : 3 jours en entreprise et 2 jours de télétravail par semaine.

Pendant les confinements, les pauses-café virtuelles n’ont pas fait l’unanimité. Ce constat démontre le rôle fondamental que joue ce rituel du monde « réel » au sein de notre société actuelle. Les retrouvailles et les rencontres autour de la machines à café sont indispensables. Elles créent et régénèrent les liens sociaux en favorisant le dialogue entre les collaborateurs.

Table de ping-pong, babyfoot, cuisine ou potager, chaque société exprime sa vision dans la création de lieux de rencontre.

C. ÉQUILIBRE VIE PERSO/ VIE PRO

Lorsque le travail prend le dessus, nous avons tendance à négliger les relations personnelles et à prendre moins de temps pour nous.

Selon l’indicateur « Better Life Index » de l’OCDE, la France est deuxième du classement consacrant en moyenne 16,2 heures par jour aux loisirs et occupations personnelles. Dormir et manger font partie de ces occupations.
En revanche, les Français sont 27ème sur 41 pays concernant le pourcentage de la population effectuant des horaires de travail « lourds » ; c’est-à-dire plus de 50 heures par semaine.

Jusqu’aux années 80, le sens donné au travail réside dans l’intention de subvenir aux besoins financiers et de réussir socialement.

De nos jours, la question du travail croise d’autres considérations liées aux valeurs. La quête de sens est liée à l’impact positif de l’action du collaborateur à son échelle ou à celle de l’organisation.

Nous n’écrirons pas sur le phénomène de la grande démission. Tant d’autres l’ont très bien fait récemment. Nous vous recommandons cependant un article intitulé « It’s Oh So Quiet : le quiet quitting », la démission silencieuse, publié par l’excellente Mélodie Ardouin, experte en neurodiversité et nouveaux modes de travail, à retrouver sur LinkedIn.

Les collaborateurs attendent des entreprises qu’elles optimisent le temps de travail. La crise que nous avons traversée accentue la porosité entre la vie « personnelle » et la vie « professionnelle ». Lors de la recherche d’un emploi, il est toujours question de temps : de temps de transport, de temps passé au travail ou en télétravail.

La semaine de 4 jours séduit de nombreuses personnes. Quelques entreprises en France ont testé et réussi cette mutation, notamment dans des domaines tels que le BTP. Par ailleurs, des organisations du secteur de la restauration réfléchissent également à la mise en place de ce mode de fonctionnement.

L’écoute des collaborateurs permet d’adapter le rythme de travail à la réalité de la vie.

PARTIE 4 : PLACES – UNE BELLE VIE AU TRAVAIL

A. L’ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

Un environnement adapté est source de motivation. Un environnement inspirant est source de fierté.

Un lieu blanc, froid, dépourvu de luminosité ne sera ni générateur de motivation ni vecteur de créativité.
Les lieux de vies des entreprises sont aussi le centre névralgique du lien social. Leur identité véhicule et représente la culture de l’entreprise.

D’après un sondage réalisé par les entreprises Parella et Esquisse, 74 % des entreprises estiment que l’aménagement des espaces de bureau améliore la qualité de vie au travail.
Elles sont également 49 % à penser que les espaces de réunions et d’échanges font cruellement défaut.

ZOOM ENTERPRISE EXPERTE – LIBU

Une start-up talençaise, Libu, permet l’amélioration du bien-être des collaborateurs. Ils conjuguent innovation et bon sens en copiant la nature.

Dans une démarche d’amélioration de la santé au travail, la start-up propose un éclairage adapté à notre rythme circadien. La technologie brevetée par Libu permet d’obtenir une lumière qui se rapproche à 95 % de la lumière naturelle qui régule l’horloge biologique.

Libu est une startup qui propose une solution régénérative.
Les piliers « People », « Places », et « Planet » sont tous trois harmonisés et améliorés dans le même temps.

Avec cette solution, la consommation d’électricité diminue de 60 % en moyenne d’après Libu. Sur le principe de circuit court, la start-up développe ses produits avec des entreprises basées dans la même région.

Libu travaille par exemple avec SYNERGIE Scop sur la partie électronique de ses produits. Cette société, basée à Pessac, est également une entreprise adaptée qui emploie du personnel handicapé. Libu coche les 3 cases des 3P.

B. LA BIOPHILIE

Formé à partir de la racine grecque « bio » (la vie) et du suffixe « philie » (qui aime), le terme biophilie désigne l’amour fondamental des humains pour le vivant. La présence d’un jardin, d’une plante sur un bureau ou de formes naturelles aux murs en sont de bons exemples. La chaire Workplace Management de l’ESSEC montre que 83 % des futurs diplômés accordent de l’importance à la place que la nature occupe au sein des entreprises et 27% estiment que la présence du végétal est un critère déterminant lors de la recherche d’un emploi.

Des chercheurs de l’Université de Hyogo, au Japon, ont prouvé que l’ajout d’une plante dans un bureau avait de nombreux bienfaits. Travailler dans un environnement végétalisé fait diminuer le stress de 15 % et augmenter la productivité et la créativité de 15 %. La fatigue diminue de 30% et les migraines baissent de 45%. La biophilie ferait reculer l’absentéisme de 10 % d’après une étude norvégienne de 2002. La présence de nature ne fait pas tout bien entendu. Il s’inscrit dans un ensemble d’actions.

ZOOM ENTERPRISE EXPERTE – VERTU

Les vertus du végétal réveillent vos jardins intérieurs.

A l’instar de Libu, Vertu contribuent à l’amélioration des lieux de vies. Crée durant le confinement avec l’objectif d’améliorer le bien-être des employés au sein des entreprises, Vertu contribue à tisser des liens entre les humaines en végétalisation les espaces intérieurs. Elle répond aux enjeux d’agencement d’espaces intérieurs : atmosphère, perspectives et confort acoustique mais surtout crée des espaces collectifs vivants qui favorisent les rencontres.

Les plantes s’inscrivent au cœur de créations originales aux designs ludiques et uniques, créatrices de liens et de belles émotions. Vertu entame naturellement une collaboration avec la start-up Cephalgo, experte de la santé mentale.

En osmose avec son temps, sa vision est 100% française pour un impact sociétal et environnemental positif. Elle coche les 3 P : people, planet et places. Retrouvez-la au salon Made in France, en novembre à Paris.

C. DES ÉMOTIONS POSITIVES

Un animal au bureau peut apporter sa contribution positive. « On emmène un petit bout de chez soi au bureau et on ne quitte pas notre chère boule de poils » témoigne Alexandra Boehler, de l’agence Infra.

« Pas de stress pour rentrer le sortir à midi et le soir; l’emploi du temps est donc plus flexible ». Tout le monde est gagnant.

« Les clients trouvent ça génial d’être accueillis par une boule de poils […] les collègues adorent faire un break en jouant avec elle ».

Faire du bien à tous ne nécessite pas de trouver des solutions compliquées et/ou coûteuses. Cependant, il est nécessaire d’avoir l’accord de tous les collaborateurs avant de les mettre en place.

Auteur, professeur HDR, et conférencier, Christophe Haag la détaille dans son ouvrage «La contagion émotionnelle », publié par Albin Michel en 2019 que nous vous recommandons.

« Le ronronnement du chat émettrait de basses fréquences (de 20 à 50Hz), un son régulier avec des harmoniques qui permettrait à l’animal d’apaiser […] un être humain anxieux ». Les basses fréquences favorisent la production de l’hormone de sérotonine appelée « hormone du bonheur ».

Jouer avec un animal augmente l’ocytocine dans le sang, « la même hormone que celle qui se produit quand nous voyons notre conjoint ou nos enfants». Ce type de médiation « par l’animal » est notamment pratiqué par l’association Hopendog qui accompagne des personnes fragilisées.

PARTIE 5 : FAIRE SENS POUR SA MARQUE EMPLOYEUR

A. L’AMBASSADEUR

Une organisation régénérative intègre une compréhension des enjeux humains et le déploiement d’une stratégie et d’actions cohérentes.

L’expérience collaborateur est une priorité des ressources humaines.

Le collaborateur est au centre de la stratégie d’engagement de l’entreprise. La volonté de donner du sens à son travail, d’être épanoui dans son quotidien professionnel est indispensable. Les ressources humaines concentrent leurs efforts sur le bien-être au travail, favorisant la fidélisation des talents, la motivation de leurs équipes et l’attractivité des jeunes générations. De plus en plus de sections spécialement dédiées à l’engagement des collaborateurs font leur apparition au sein des entreprises.

Consommateurs et collaborateurs ne sont plus uniquement simples destinataires. Véritablement engagés, ils contribuent désormais pleinement aux choix des entreprises.

Les collaborateurs constituent le premier vecteur de changement et contribuent à l’élaboration et à la diffusion de l’engagement sociétal.

Un collaborateur épanoui dans son travail est un ambassadeur.

Le monde a changé. La porosité entre la vie personnelle et la vie professionnelle a modifié en profondeur le rapport des collaborateurs avec leur employeur. Engager une démarche de Marque Employeur permet d’aligner la culture et les objectifs d’une entreprise ou d’une organisation, avec l’expérience vécue des collaborateurs. En définissant collectivement une vision, un message clair, juste et pertinent, la Marque Employeur créé l’adhésion et la préférence des talents qui ont un rôle capital à jouer dans son développement.

La Marque Employeur occupe une place fondamentale dans le recrutement de nouveaux talents et la construction de la réputation d’une organisation.

B. UN JOB QUI A DU SENS

Les consommateurs et les collaborateurs attendent des entreprises qu’elles fassent preuve de transparence et de cohérence.

L’exigence et les attentes des employés sont grandissantes : trouver un travail « qui a du sens » devient indispensable. Encore faut-il véritablement connaître et comprendre les activités et les missions de l’organisation.

Là où certains pratiquent le #greenwashing à outrance, d’autres innovent avec audace et ténacité.

Portée notamment par Le Slip Français, l’industrie textile se réapproprie le savoir-faire et le territoire français. La marque de prêt-à-porter fondée par Guillaume Gibault relance l’industrie du chanvre tricolore en remplaçant le coton par le chanvre plus écologique. Pour réaliser cette transition, l’entreprise propose un poste de « Responsable Relocalisation ».

Guillaume Gibault remplace le coton par le chanvre plus écologique. De plus, le Slip Français propose désormais un poste de « Responsable Relocalisation ».

En s’appuyant sur le savoir-faire et la réindustrialisation, Le Slip Français apporte du sens à sa mission et à celle de tous ses collaborateurs.

Dans le livre « Respect ! Des patrons inspirants pour un monde meilleur » publié par la maison d’édition Flammarion, Anne Génin, et Clémence Blanc recueillent 10 témoignages de chefs d’entreprises françaises. Nicolas Chabanne, fondateur de C’est qui le Patron ?!, une « Marque du Consommateur » spécialisée dans le secteur de l’agroalimentaire, a été interviewé par les deux autrices. Les producteurs de lait perdent de l’argent en vendant leur lait. L’innovation de Nicolas Chabane consiste à laisser le consommateur écrire le cahier des charges grâce à un sondage. Ce sondage a permis de définir le prix d’achat au litre à 43 centimes, le double de ce que gagnaient les producteurs à l’époque.

La transparence des prix est totale, le consommateur sait ce qu’il paie.

Le succès de la marque repose sur son essence même qu’est son modèle économique. Chaque membre de l’équipe est un consommateur du produit.

C. ATTIRER LES JEUNES

Un sondage du Club des Lauréats Great Place to Work, met en avant que 1 jeune salarié sur 5 recherche en premier lieu une « entreprise éthique».

Les jeunes recherchent aussi des entreprises à taille humaine. Les hiérarchies courtes de ces organisations permettent d’accéder plus facilement aux décisionnaires, de comprendre et d’agir en connaissance de cause. Les jeunes collaborateurs en sortent grandis, motivés et fiers.

L’employé « boomerang » est une opportunité de réintégrer un futur ambassadeur.

L’expression « l’herbe est toujours plus verte ailleurs » sera modérée par ce dernier. Le revenant étaiera son discours d’éléments concrets et récents. Passer du temps avec lui est source d’enseignements.

L’entreprise dégénérative est critiquée par les nouvelles générations.

Récemment, huit nouveaux diplômés de l’école AgroParisTech ont utilisé leur temps de parole lors de la remise des diplômes pour dénoncer l’impact négatif d’une partie des entreprises qui leur proposent des emplois. Ces jeunes talents souhaitent s’investir dans une économie régénérative pour vivre de leur territoire sans l’épuiser et sans s’épuiser eux-mêmes.

Une vision exprimée par un message clair créé l’adhésion et la préférence des talents qui comptent pour votre organisation.

 

D. ENGAGEMENT CITOYEN DE L’ENTREPRISE

Engager une démarche de Marque Employeur permet d’aligner la culture et les objectifs d’une entreprise ou organisation avec l’expérience vécue des collaborateurs.

Selon une enquête de CISION, 80 % des professionnels interrogés affirment qu’avoir un rôle sociétal et/ou environnemental est une question de survie pour les marques.

Cet engagement contribue à gagner la confiance des consommateurs, développer une image de marque positive, fédérer les salariés et valoriser la Marque Employeur.

Prendre position pour un futur souhaitable et désirable s’accompagne d’actes concrets. Les vœux d’intention ne suffisent plus.

68 % des entreprises déclarent avoir déjà mis en œuvre des actions concrètes. Patagonia est une entreprise pionnière de l’engagement pour un monde meilleur, et ce depuis sa création. Son modèle économique est régénératif, pérenne et courageux. Yvon Chouinard, son fondateur, œuvre sans relâche pour un impact positif de son entreprise californienne depuis 1972!

Récemment, l’entreprise a réagi à l’abrogation du droit à l’avortement aux États-Unis en témoignant son profond désaccord.

L’organisation a pris des mesures concrètes : remboursement des frais de déplacement de ses employées obligées de changer d’état pour avorter, prise en charge de la caution des employés en cas d’arrestation lors d’une manifestation.

 

E. DES ENTREPRISES DÉJÀ RESPONSABLES

En 2017, le ministère de la Transition Écologique et Solidaire fait évoluer le Code civil pour définir les entreprises au-delà de leur vocation à faire du profit « l’objet social des entreprises ne peut plus être le simple profit sans considération aucune pour les femmes et les hommes qui travaillent, sans regard sur les désordres environnementaux ». Ce n’est qu’en 2019 que la notion des « entreprises à mission » émergea avec la loi PACTE.

La Camif, entreprise à mission.

La Camif, l’entreprise « d’aménagement locale et durable de la maison » s’est engagée depuis 2017.

La Camif définit la démarche en 3 étapes. En premier lieu, une co-création de l’impact positif, ensuite la transformation de l’objet social en objet social étendu, et enfin une évaluation par un tiers indépendant. Le statut d’entreprise à mission « protège les décisions des dirigeants n’allant pas nécessairement dans le sens de la maximisation du profit à court terme mais visant à créer une valeur plus partagée et plus durable, et pérennise également la mission de l’entreprise au-delà de changements d’actionnaires ou de dirigeants ».

5,000 entreprises certifiées « B Corp » dans le monde dont plus de 200 en France.

La certification « B Corp » ou « B Label » est attribuée par un organisme sans but lucratif présent dans 74 pays dans le monde, après l’évaluation de critères de l’entreprise réunis sous 5 piliers : la gouvernance, les collaborateurs, la collectivité, l’environnement et les clients.

« Devenir B Corp, ce n’est pas seulement obtenir un label : c’est s’engager sur un chemin de transformation, exigeant et passionnant, et plus que jamais indispensable pour relever les défis de notre temps » selon le site B Corporation français.

Enfin, la loi PACTE le plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises de 2019, permet aux « entreprises de prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux dans leur stratégie ».

 


En conclusion, 6 points à retenir

  1. L’économie régénérative améliore conjointement les piliers « Planet », « People » et « Places » des entreprises.
  2. Le pilier « Planet » est amélioré grâce au travail en circuit court. Ce circuit de distribution est bénéfique pour la planète, mais favorise également les liens sociaux entre les individus.
  3. La fonction RH est au centre du pilier « People ». Les changements à apporter sont systémiques et décrivent un respect des collaborateurs ainsi qu’un travail collaboratif avec ces derniers.
  4. L’amélioration des espaces de vie au travail passe par une étude poussée de l’environnement et de la nature. La biophilie et la médiation animale favorisent le bien-être des individus en agissant sur le pilier « Places ».
  5. La Marque Employeur occupe une place primordiale au sein des entreprises: les individus recherchent un job « qui a du sens ».
  6. Les entreprises qui font preuve d’initiative et qui agissent pour répondre aux problématiques actuelles concrétisent leurs engagements. « L’entreprise à mission » et la certification « B Corp» permettent, entre autres, de valider et de garantir ces engagements.

N’hésitez pas à partager vos commentaires en nous écrivant à contact@infuse-conseil.com ou sur LinkedIn .


REMERCIEMENTS

Pour leur contribution à l’élaboration de ce livre blanc, nous souhaitons remercier :

  • Gunter Pauli, pour sa disponibilité, son temps et ses explications complémentaires concernant l’économie bleue.
  • La Villa Bonne Nouvelle, un espace de corpoworking du Groupe Orange regroupant des start-ups sur la thématique des nouveaux modes de travail. Je remercie particulièrement :
    • Mélodie Ardouin, responsable du collectif de la Villa Bonne Nouvelle,
    • Marie Durand-Yakomoto, fondatrice de Mono Hito Koto,
    • Antoine Maurel, co-fondateur de KARMA Search,
    • Monique Large, fondatrice de PollenConsulting
    • Philippe Lévêque et Kenza Abdallaoui Maân, respectivement fondateur et responsable marketing et communication de Mon Atelier Écofrugal
    • Manon Loustau, fondatrice de Libu
    • Karine Monflier, fondatrice de StartUp GetUp, pour sa contribution.
  • La plateforme de crowdfunding Okoté d’Alsace Active, qui m’a permis de comprendre l’économie sociale et solidaire. Merci particulièrement à Stéphanette Englaro et Cécile Herrmann de m’avoir convié au hackathon Innov’âge sur le sujet du mieux vieillir ; un foisonnement d’idées positives ainsi que des rencontres humaines enrichissantes et inspirantes.
  • Bernard Bloch, Coordonnateur Innovation et Partenaires à l’Électricité de Strasbourg, pour son partage de l’article « Au-delà de la durabilité, l’entreprise régénérative » du Harvard Business Review.
  • Gaston Bélat, planneur stratégique Infuse Conseil, pour son aide sur la mise en page ainsi que son regard extérieur tout au long de l’élaboration du livre blanc.
  • Maïté Seegmuller, fondatrice de Vertu ainsi qu’Infuse Conseil, pour m’avoir donné l’opportunité de travailler sur le sujet de l’économie régénérative ainsi que pour sa supervision durant le processus de création du livre blanc.

BIBLIOGRAPHIE

 

Attractivité des organisations, des entreprises et des territoires – ©2022 Infuse-Conseil.
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